Mes morts

Mes morts
J’essaie de les oublier
Mais ils sont là, tout le temps
Ils ne sont pas méchants
Mais je voudrais ne plus avoir
Leur poids sur mes épaules
Ouvrir en grand ma cage thoracique
Que l’air s’engouffre, pour respirer le large
Voyager léger et porter par un souffle
Laisser le hasard m’emmener
Les oublier
Un peu
Et les serrer dans mes bras.

Petit texte février 2022
Keyzer Söze

Pêcher

Je pêche souvent
Je pêcherai au paradis
Je pêchai seul dans mon lit
Je pêchais la nuit
J’aurai pêché par peur
J’ai pêché par fierté
J’avais pêché des monstres
J’eus pêché un dragon
Que je pêche encore
Que j’aie pêché seul
Que je pêchasse accompagné
Que j’eusse pêché ou pas
Je pêcherais tout le temps
J’aurais pêché même si
Je pêchai des petits poissons
Pêche tant que tu peux
Aie pêché dans ta vie

Petit texte février 2022
Keyzer Söze

Alphabet personnel

Ami, toujours trop ou pas assez.
Bébé, fragile laideur.
Cri, douleur d’enfance.
Doute, ressemble à de l’intelligence.
Enfant, miroir mélangé.
Femme, étrangère désirée.
Gifle, stop !
Hache, outil idéal pour arrêter la pensée.
Jupe, maline, elle laisse voir le plus joli.
Kilt, malin, il montre le plus laid.
Lettre, à ne pas ouvrir.
Mère, mon étoile noire.
Nez, idéal pour occuper les doigts.
Orang-outan, mon frère.
Père, héros personnel.
Question ? Tu connais la réponse, tu veux juste l’entendre.
Râle, fin de course.
Sexe, toujours trop court.
Tombe, la place est occupée.
Utérus, arrêtez, on est assez nombreux.
Voiture, machine à aspirer le cerveau.
Week-end, deux jours pour en oublier cinq.
X, filme la mécanique des corps sans cœur.
Yoyo, vous n’avez pas autre chose à faire.
Zèbre, beau métissage.

Petit texte, janvier 2022
Keyser Söze

Ces deux mots

Enfant brûlé par un corps pyromane.
Il souffre à chaque mot, à chaque flamme.
Sa peau rougit, sa voix tremble.
Il grandit pour trouver un peu de lumière.
Ballotté dans le courant de la rivière.
Il attend ces deux mots.

Homme créé pour avoir.
Il ne se dévoile pas, prêt à blesser.
Usant son corps machine.
Il est en sel et se croit en acier.
Seul dans un monde surpeuplé.
Ces deux mots, il ne sait pas les dire.

Vieillard au temps compté.
Il parle plus souvent aux fantômes qu’aux vivants.
Trahi par un corps fatigué.
Il oublie les années.
Trop de temps à perdre.
Ces deux mots, plus personne pour les entendre.