J’ai annoncé mes espérances pour le texte à écrire au cours de la réunion Zoom, c’est un peu comme au jeu de tarot, on verra à la fin de la partie. J’ai cette envie d’emmener le lecteur par la main et de le perdre avec moi, qu’il y est des blancs, des absences, qu’il cherche entre les lignes. Je m’adresse à peu de lecteurs, j’espère les trouver. C’est un peu aller contre ma nature, mais j’ai plus envie d’écrire que de raconter. Une envie de plonger dans les phrases et les mots, une envie d’écrire avant de penser le texte. Je vais relire le dictionnaire crayon en main, j’espère que ça ne me prendra pas trop de temps. Je veux trouver des mots, des verbes, et les associer à des lieux, des personnages. Je n’utiliserai pas n’importe quel dictionnaire, non, il me faut celui de mon grand-père, il me faut mes grigris. Je vais me fixer un objectif quotidien d’écriture : cinq cents mots, je passerai à mille si je le peux. Cela correspond à peu près à deux ou trois heures d’écriture, je ne peux pas faire plus, c’est ma limite, après mon cerveau patine dans le vide. Cet objectif, ce nombre fixé, heureusement, je l’oublie souvent en écrivant. Il m’arrive de regarder dans le coin droit de mon écran et de découvrir l’objectif atteint ou dépassé.
Mais il y a aussi les jours où je grappille chaque mot, où chaque phrase que j’efface m’éloigne, ces jours-là il faudra que je sois têtu.
J’écris aussi mes trois pages avant, trois pages pour moi, à la main, stylo sur feuille. Écrire c’est un geste, ça fait du bien d’avoir mal aux mains grâce au stylo, j’ai l’impression d’être un peu plus écrivain. Les trois pages sont écrites, passons aux cinq cents mots.