Une nouvelle année, de nouveaux projets. L’écriture de mon recueil de nouvelles avance doucement. Il sera formé d’un ensemble de nouvelles noires ou grises. Peut-être qu’un jour des récits plus autobiographiques trouveront une place dans un autre recueil. J’ai commencé la rédaction d’une fiction à six mains, une grande nouvelle fantastique. J’espère qu’elle ira à son terme, et qu’elle existera en podcast à trois voix. Deux nouveaux poètes sont venus écrire dans la rubrique : poésie d’un barbare, Mia Wallace et Maître Kobaysashi.
Voici le début de la prochaine nouvelle appartenant à : l’histoire du tas de sable noir.
J’ai passé une nuit étrange. Tout a commencé par la rétraction de mes extensions oculaires, j’ai senti le frottement sous mes paupières de la membrane se repliant. J’ouvre les yeux, je suis plongé dans la nuit. Je sens le corps de Clara contre moi, cela me rassure. Je ne sais plus si je rêve ou si je suis éveillé. Je ne me réveille jamais habituellement. Je suis assis dans le lit, je regarde notre chambre, je devine des masses, le fauteuil en velours vert, le bureau et sa chaise à roulettes, tout est là, pourtant j’ai l’impression de ne rien connaître. Je suis inquiet, je ne sais pas pourquoi. Mes extensions oculaires reprennent leur place. J’allume mes extensions auditives, elles diffusent la gymnopédie numéro un, une ancienne pièce au piano, douce et calme. Je suis apaisé au bout de quelques minutes et je m’endors. Le réveil sonne, on se lève ensemble, comme tous les matins. On forme une équipe bien rodée, grille-pain, bouilloire, sortir les aliments du frigidaire, verser le café, un passage aux toilettes. Chacun autour de la table, regarde son écran d’informations personnelles, on échange quelques mots, on sourit. Après il faut se laver les dents, s’habiller, les gestes ordinaires, pourtant je la trouve toujours aussi belle. On s’embrasse, chacun part de son côté, ce soir je la retrouverai, je ne sais pas qu’elle sera la musique que j’entendrai dans mes extensions auditives à ce moment-là, le choix du processeur est toujours idéal, avec le temps le processeur a ajusté ses choix en fonction de mes réactions nerveuses. J’aime ces retrouvailles quotidiennes. Elle avancera vers moi, elle sera toujours parfaite. Ce matin, je n’ai pas d’opérants à piloter, en Asie c’est un jour férié. Je marche vers le centre de la ville. J’aime ma ville, les rues en marbre gris, les lampadaires en cuivre, les gens heureux dans leurs beaux habits blancs et purs, les femmes et leurs grands cheveux noirs…