Pauvres bêtes

Ils se servent de leur bouclier d’intelligence
Ils se protègent avec des mots rares, de grand concept
Il déteste l’émotion, cette chose qu’ils ne contrôlent pas
Ils la fuient, ils aimeraient la bannir du monde
Ils nous vendent leurs neurones au kilo, leur savoir à la découpe
Ils aiment les grandes phrases, les grands hommes,
Les livres austères et difficiles, les musiques sans mélodies
Les cerveaux mécaniques, la chair froide, les rues vides et le passé
Ils ne diront jamais le frisson qui les glace le dimanche soir
Les larmes qui leur pissent des yeux, quand ils sont seuls dans leur lit
Leur cœur qui bondit de joie au son de la voix reconnu
L’angoisse de l’abîme au bruit de la faucheuse qui approche
Les pleurs honteux devant le trou rectangulaire
Pauvres bêtes
Je vous aime

Petit texte, août 2022
Keyser Söze